Il n'est pas question dans cet article de porter un jugement de valeur
sur les personnes ou de mettre en doute la sincérité, l'honnêteté et le
dévouement de beaucoup de pasteurs mais simplement de s'interroger sur
la validité d'un système dont la plupart sont prisonniers. Je doute
aussi que l'on puisse y changer quelque chose et devant le constat de la
résistance des humains que nous sommes et dont je fais aussi partie, il
faut s'en remettre à la patience et à la grâce de Dieu, qui continue de
sauver, de bénir, de construire et d'édifier son Eglise. J'ai exercé
ce qu'on appelle la charge pastorale pendant une quarantaine d'années
et j'ai assumé cette fonction sans me poser de question sur la
légitimité scripturaire du pasteur unique dans une église locale. Comme
tout le monde, je suis entré dans le schéma classique : un conseil
"d'anciens" exerçant des responsabilités dans l'église mais sous
l'autorité d'un pasteur appelé et consacré. Comme la plupart, sans
examiner avec suffisamment d'attention les Écritures, j'ai donc accepté
la tradition concernant le ministère de pasteur, fondée surtout sur le
passage suivant : « Et il a donné les uns comme apôtres, les autres
comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme
pasteurs et docteurs... » Éphésiens 4.11 Fort de ce simple verset,
sans plus me préoccuper de l'absence quasi générale des autres
ministères, ni de la véritable signification du mot "ancien", j'ai
rempli avec conscience un ministère que je pensais avoir reçu du
Seigneur. Et je dois dire que j'y ai pris plaisir, servant le Seigneur
avec joie et ayant expérimenté de nombreuses bénédictions. Comme quoi,
Dieu est infiniment plus sage, patient, conciliant et miséricordieux que
nous, les êtres humains. Fonction pastorale Existe-il des
fonctionnaires dans l'Eglise ? La fonction pastorale est-elle comparable
au fonctionnariat ? Posée comme cela, la question peut paraître
provocante ou tout simplement incongrue. Mais, en y regardant de plus
près, nous remarquons qu'il existe une forme de "classe sacerdotale"
acceptée et même enseignée, une classe dirigeant "le corps pastoral"
et
exerçant la suprématie sur de simples fidèles. On entend
régulièrement ces expressions qui n'ont rien à voir avec l'enseignement
du Nouveau Testament, en parlant des pasteurs : le sacerdoce, notre
pasteur, l'oint du Seigneur, etc. Par manque d'un enseignement clair
et précis fondé sur les écrits du Nouveau Testament en ce qui concerne
le fonctionnement et le gouvernement des églises, la plupart de leurs
membres acceptent une situation de fait, qui durent depuis des siècles.
Aujourd'hui, dans leur majorité, les églises, quelles que soient la
dénomination, sont organisées en fédérations selon des règles établies
lors des convention ou congrès, c’est-à-dire de rassemblements réguliers
des pasteurs, par secteur, sur le plan national et même international.
C'est dans ces assemblées du corps pastoral que se prennent les
décisions appliquées ensuite dans les églises. C'est là aussi que se
décident les reconnaissances et nominations de pasteurs. D'une
manière générale, les pasteurs occupent un poste déterminé selon les
règles de leur fédération (il y a quelques années les Assemblées de
Dieu se défendaient d'être une fédération pour demeurer un mouvement.
Aujourd'hui, ce n'est plus le cas.) C'est donc dans le cadre des
instances fédératives que les pasteurs rassemblés en congrès ou
conventions, décident de la reconnaissance des candidats à la fonction
pastorale ainsi que des changements et attributions de postes. La
formation des candidats pasteurs s'effectue en facultés,
instituts ou
écoles bibliques, puis se poursuit par des stages dans les églises sous
le contrôle du pasteur. Cela demande plusieurs années. On parle de
plus en plus des salaires des pasteurs ainsi que de leur
retraite qui
intervient dans le cadre même des lois sociales du pays. Les fédérations
se plaignent du manque de vocations car beaucoup cessent leurs fonctions
à 65 ans. Certes, avec l'âge, les forces diminuent et les activités
peuvent se restreindre mais le ministère donné par le Seigneur n'est pas
ôté. Si nous étions organisés selon le modèle du Nouveau Testament, cela
permettrait d'avoir dans l'église un groupe d'anciens comprenant des
personnes de tous âges, les uns et les autres conduisant ensemble
l'église du Seigneur, avec divers dons : « Que les anciens qui
dirigent bien soient jugés dignes d’un double honneur, surtout ceux qui
travaillent à la prédication et à l’enseignement. » 1 Timothée 5.17
Dans le système en vigueur aujourd'hui, les pasteurs, nommés et mis en
poste par les instances fédérales, peuvent rester en place quelques
années, puis ces mêmes instances décident de leur déplacement et de leur
remplacement (à part quelques rares exceptions ou le pasteur fondateur
demeure à vie et confie l'église, comme un héritage, à son fils ou son
gendre). Le sacerdoce C'est le terme que l'on utilise couramment
pour désigner la fonction pastorale. Ceux qui y sont consacrés sont
présentés comme "les oints du Seigneur", d'où ce verset de l'Ancien
Testament souvent cité : "Ne touchez pas à mes oints". Or, nous
pouvons facilement prouver que, dans le Nouveau Testament, il n'existe
pas de fonction sacerdotale, comme c'était le cas avec les
sacrificateurs et les prêtres ou lévites de l'Ancienne Alliance. Ils
étaient établis pour offrir les sacrifices et le service du Tabernacle
et plus tard du Temple. On a beaucoup emprunté à l'Ancienne Alliance
du peuple juif pour établir et régler la fonction pastorale mais cela ne
correspond pas à l'enseignement du Nouveau Testament pour les églises de
Christ. En examinant ce dernier, on se rend rapidement compte que
la
façon dont sont organisées les églises, depuis des siècles, est loin de
correspondre au modèle original. On peut dire que le fonctionnement des
églises contemporaines est fondé sur une tradition qui se perpétue de
génération en génération et que personne ne remet en cause. Les seuls
passages du Nouveau Testament où se trouve le mot "sacerdoce" concernent
d'une part la fonction attribuée au Seigneur Jésus-Christ, dans la
Nouvelle Alliance avec un changement de forme et, d'autre part, à tous
les rachetés. « Si donc la perfection avait été possible par le
sacerdoce Lévitique, –car c’est sur ce sacerdoce que repose la Loi
donnée au peuple, –qu’était-il encore besoin qu’il parût un autre
sacrificateur selon l’ordre de Melchisédek et non selon l’ordre d’Aaron
? Car, le sacerdoce étant changé, nécessairement aussi il y a un
changement de loi. » Hébreux 7.11 « Car, tandis que les Lévites sont
devenus sacrificateurs sans serment, Jésus l’est devenu avec serment par
celui qui lui a dit : le Seigneur a juré et il ne se repentira pas : Tu
es sacrificateur pour toujours, Selon l’ordre de Melchisédek. – Jésus
est par cela même le garant d’une alliance plus excellente. De plus,
il y a eu des sacrificateurs en grand nombre, parce que la mort les
empêchait d’être permanents. Mais lui, parce qu’il demeure
éternellement, possède un sacerdoce qui n’est pas transmissible. »
Hébreux 7.21-24 Pour ce qui est du Seigneur Jésus-Christ, il est
l'unique et Grand Souverain Sacrificateur, le seul Médiateur entre Dieu
et les hommes, pas l'offrande de sa propre vie en sacrifice pour nous et
par son intercession à la droite du Père dans le ciel. « Mais Christ
est venu comme souverain sacrificateur des biens à venir ; il a traversé
le Tabernacle plus grand et plus parfait, qui n’est pas construit de
main d’homme, c’est–à–dire, qui n’est pas de cette
Création ; et il est
entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des
boucs et des veaux mais avec son propre sang, ayant obtenu une
rédemption éternelle. » Hébreux 9.11,12 Le mot sacerdoce est encore
utilisé deux fois dans la deuxième épitre de l'apôtre Pierre pour
désigner l'ensemble de tous ceux qui ont cru au Seigneur Jésus-Christ.
« Et vous–mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez–vous pour former
une maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes
spirituelles, agréables à Dieu par Jésus–Christ. » 1 Pierre 2.5 «
Vous, au contraire, vous êtes une race élue, un sacerdoce royal, une
nation sainte, un peuple acquis, afin que vous annonciez les vertus de
celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière. » 1
Pierre 2.9 « Le Seigneur Jésus-Christ dans son amour "nous a
délivrés de nos péchés par son sang et Il a fait de nous un royaume, des
sacrificateurs pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la
puissance, aux siècles des siècles ! Amen !" Apocalypse 1.5,6 Si donc
quelqu'un s'attribue "un sacerdoce pastoral particulier", il usurpe une
fonction attribuée au Seigneur Jésus-Christ, notre Grand Souverain
Sacrificateur, notre unique Médiateur et le Grand Pasteur de brebis.
En ce qui concerne "les oints", il est aussi très clair que tous les
enfants de Dieu, les rachetés de Jésus, sont "oints". L'onction du
Saint-Esprit est un sceau dont Dieu a marqué tous ses élus sans
distinction, comme l'écrit l'apôtre Paul. « En lui (Christ) vous
aussi, après avoir entendu la parole de la vérité, l’Evangile de votre
salut, en lui vous avez cru et vous avez été scellés du Saint–Esprit qui
avait été promis, lequel est un gage de notre héritage, pour la
rédemption de ceux que Dieu s’est acquis, à la louange de sa gloire. »
Éphésiens 1. 13,14 « Et celui qui nous affermit avec vous en Christ
et qui nous a oints, c’est Dieu, lequel nous a aussi marqués d’un sceau
et a mis dans nos cœurs les arrhes de l’Esprit. » 2 Corinthiens 1.21
« N’attristez pas le Saint–Esprit de Dieu, par lequel vous avez été
scellés pour le jour de la rédemption. » Éphésiens 4.30 Certes, il y
a une onction du service à tous les niveaux qui rend capables
d'accomplir les tâches ou d'exercer les dons et les ministères accordés
par le Seigneur à son Eglise mais ceci se situe dans le cadre du
gouvernement général des églises du sein desquelles sont choisis les
"anciens" qui les paissent. La façon dont elles sont organisées
aujourd'hui est loin de ressembler à celles du Nouveau Testament. Mais
qui s'en soucie encore ? Quel homme courageux se lèverait lors d'un
congrès pastoral pour dénoncer cette pratique ? Quel pasteur est prêt à
remettre en cause son statut pour se conformer à la pensée de Christ
pour son Eglise ? On accepte une situation qui se perpétue comme une
tradition immuable. C'est plus facile mais cela ne correspond pas à la
vérité selon les Écritures. C'est aussi à cause de ce système que l'on
remarque qu'un seul ministère émerge aujourd'hui dans l'Eglise, celui de
pasteur. Les ministères d'apôtre, de prophète, d'évangéliste, ou
d'enseignant, sont pratiquement absents dans de nombreux milieux
évangéliques et les églises en sont terriblement privées, même si, dans
certaines, quelques prophéties ou "parler en langues" sont donnés le
dimanche matin lors des cultes. Et pourtant, il est écrit : «
Celui qui est descendu, c’est le même qui est monté au–dessus de tous
les cieux, afin de remplir toutes choses. Et il a donné les uns comme
apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les
autres comme pasteurs et docteurs, pour le perfectionnement des saints
en vue de l’œuvre du ministère et de l’édification du corps de Christ,
jusqu’à ce que nous soyons tous parvenus à l’unité de la foi et de la
connaissance du Fils de Dieu, à l’état d’homme fait, à la mesure de la
stature parfaite de Christ, afin que nous ne soyons plus des enfants,
flottants et emportés à tout vent de doctrine, par la tromperie des
hommes, par leur ruse dans les moyens de séduction mais que, professant
la vérité dans la charité, nous croissions à tous égards en celui qui
est le chef, Christ. » Éphésiens 4.10-15 Les églises fonctionnent
avec le minimum. Ce n'est pas à dire que le Seigneur n'est plus à
l'œuvre. Dans sa miséricorde il continue de sauver et de bénir ceux qui
invoquent son Nom. Mais en ne pratiquant pas ce qu'il a prescrit on
restreint certainement le mouvement du Saint-Esprit qui désire utiliser
le maximum d'hommes et de femmes pour l'édification de ceux qui
appartiennent à Christ. « Celui qui nous aime, nous a délivrés de nos
péchés par son sang et Il a fait de nous un royaume, des sacrificateurs
pour Dieu son Père, à lui soient la gloire et la puissance, aux siècles
des siècles ! Amen ! » Il a fait de nous "des sacrificateurs" pour
Dieu son Père, afin que nous servions dans son royaume, à plein temps et
jusqu'à la fin de notre parcours terrestre, selon la grâce et les dons
qu'Il accorde à chacun. « Approchez-vous de lui, pierre vivante,
rejetée par les hommes mais choisie et précieuse devant Dieu ; et
vous–mêmes, comme des pierres vivantes, édifiez-vous pour former une
maison spirituelle, un saint sacerdoce, afin d’offrir des victimes
spirituelles, agréables à Dieu par Jésus–Christ. » 1 Pierre 2.4,5
Conclusion Pour terminer, je vous livre ce qu'écrivait Donald GEE, un
enseignant du mouvement de Pentecôte, dans un livre intitulé "Les
ministères dons de Christ", édité en France en 1985 mais paru en Anglais
bien des années avant. "Chaque réveil a été pour l'Eglise l'occasion
de remonter jusqu'à l'endroit où l'eau pure et vivante de la Parole de
Dieu coule pour nous du haut des collines du Nouveau Testament avant
d'être polluée par les "nombreuses inventions" des hommes dans leurs
systèmes et leur "Crédo".... Cette conscience d'un retour à des
méthodes et à des idées plus en harmonie avec le Nouveau Testament, pour
le travail du ministère est l'un des besoins le plus profond de l'Eglise
à l'heure actuelle et n'est certainement pas limité aux Assemblée de
Pentecôte seulement." Avec Donald GEE et beaucoup d'autres, je crois
que dans de nombreux domaines, les églises en général et les disciples
de Christ en particulier doivent prendre conscience de l'importance des
instructions du Seigneur de l'Eglise, afin d'amener toutes « nos pensées
captives à l'obéissance de Christ » (2 Corinthiens 10.5).

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