Voir l'invisible
L'être humain est trop souvent uniquement influencé par ce qu'il voit, ce
qu'il entend, ce qu'il perçoit par ses sens physiques du monde visible et
matériel dans lequel il évolue. Il en arrive à oublier qu'il existe un
autre monde, une autre réalité bien plus importante car elle est
éternelle.
L'apôtre Paul, confronté quotidiennement aux épreuves que lui suscitait son
ministère, a écrit :
C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme
extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en
jour.
Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au
delà de toute mesure, un poids éternel de gloire, parce que nous
regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont
invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles
sont éternelles. 2 Corinthiens 4.16
La première pensée que ce texte inspire, c'est la réalité des choses
invisibles.
La seconde concerne les épreuves et la fragilité de notre corps, qui nous y font réfléchir
La troisième c'est la manière dont nous attribuons de la valeur à ce qui
est invisible par rapport à ce qui est visible.
Enfin la quatrième c'est la façon dont nous le vivons
L'apôtre qui était convaincu de l'existence des choses invisibles indique
comment il les comprend et les vit.
... car nous marchons par la foi et non par la vue. 2 Corinthiens 5:7
La foi, en effet, permet d'avoir la juste vision ou notion des choses
afin d'adopter un comportement juste :
Et qu’est–ce que la foi ? C’est une ferme confiance dans la réalisation de
ce qu’on espère, c’est une manière de le posséder déjà par avance.
Croire, c’est être absolument certain de la réalité de ce qu’on ne voit
pas. Hébreux 11:1
Mais voilà ! Vous vous dites, et vous n'êtes pas les seuls, que cette
vérité n'est pas facile à mettre en pratique dans un monde où le visible, l'audible, le physiquement
et émotionnellement sensibles, conditionnent les gens.
Nous comprenons immédiatement qu'il y aura un combat, beaucoup de
difficultés à surmonter et à vaincre, des efforts indispensables, pour
donner la priorité aux choses qui ont une valeur éternelle par rapport à
celles qui sont passagères.
C'e n'est pas facile, mais c'est possible avec l'aide de Dieu !
L'homme extérieur
Arrêtons nous un instant sur une réalité déplaisante : la décrépitude de notre
être physique, lorsque la tente dans laquelle nous habitons sur la terre,
s'use et se détruit, comme le décrit si bien l'Ecclésiaste :
Quand viennent les jours du déclin et le moment où tu diras : « Je n’ai
point de plaisir à vivre ».
Alors le soleil s’assombrit, la lune et les étoiles se ternissent, les
nuages reviennent sans cesse après la pluie.
Alors le gardien tremble de peur, l’homme vigoureux se courbe, les
meunières cessent de moudre par manque de compagnie, la femme renonce à
paraître à sa fenêtre.
Alors la porte se referme sur la rue, le bruit du moulin baisse, le
chant de l’oiseau s’éteint, toutes les chansons s’évanouissent.
On a peur de gravir une pente, on a des frayeurs en chemin, les cheveux
blanchissent comme l’aubépine en fleur, l’agilité de la sauterelle fait
défaut, les épices perdent leur saveur. Ainsi chacun s’en va vers sa
dernière demeure. Et dans la rue, les pleureurs rôdent en attendant.
Alors le fil d’argent de la vie se détache, le vase d’or se brise, la
cruche à la fontaine se casse, la poulie tombe au fond du puits.
Le corps de l’homme s’en retourne à la terre d’où il a été tiré et le
souffle de vie s’en retourne à Dieu qui l’a donné. Ecclésiaste 12
Tant que nous sommes jeunes ou relativement jeunes, tant que nos
forces physiques et notre énergie mentale sont satisfaisantes, nous
ne pensons pas trop au temps de l'affaiblissement de notre corps.
L'Ecclésiaste, un homme dont la vie fut riche d'activités, d'entreprises
et d'expériences dans tous les domaines, arrivé à un âge certain, livre
son analyse et ses réflexions concernant la valeur des choses
visibles, de tout ce qui se fait souls le soleil, selon sa propre
expression.
Moi, l’Ecclésiaste, j’ai été roi d’Israël à Jérusalem.
J’ai appliqué mon cœur à rechercher et à sonder par la sagesse tout ce
qui se fait sous les cieux: c’est là une occupation pénible, à laquelle
Dieu soumet les fils de l’homme. J’ai vu tout ce qui se fait sous le
soleil; et voici, tout est vanité et poursuite du vent. Ecclésiaste 1.12
J’exécutai de grands ouvrages: je me bâtis des maisons; je me plantai des
vignes; je me fis des jardins et des vergers, et j’y plantai des arbres
à fruit de toute espèce; je me créai des étangs, pour arroser la forêt
où croissaient les arbres.
J’achetai des serviteurs et des servantes, et j’eus leurs enfants nés
dans la maison; je possédai des troupeaux de boeufs et de brebis, plus
que tous ceux qui étaient avant moi dans Jérusalem.
Je m’amassai de l’argent et de l’or, et les richesses des rois et des
provinces. Je me procurai des chanteurs et des chanteuses, et les
délices des fils de l’homme, des femmes en grand nombre.
Je devins grand, plus grand que tous ceux qui étaient avant moi dans
Jérusalem. Et même ma sagesse demeura avec moi.
Tout ce que mes yeux avaient désiré, je ne les en ai point privés; je
n’ai refusé à mon coeur aucune joie; car mon coeur prenait plaisir à
tout mon travail, et c’est la part qui m’en est revenue.
Puis, j’ai considéré tous les ouvrages que mes mains avaient faits, et
la peine que j’avais prise à les exécuter; et voici, tout est vanité et
poursuite du vent, et il n’y a aucun avantage à tirer de ce qu’on fait
sous le soleil. 2.4 à 11
La lecture du livre de l'Ecclésiaste est très enrichissante car elle
suscite une véritable réflexion spirituelle, qui ramène à la parole de
Jésus :
Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s’il perd son âme? Marc
8:36
Cependant, il y a un point d'équilibre qui apparait dans la réflexion de
l'Ecclésiaste, comme dans celle des hommes sages de la Bible : savoir
apprécier les choses bonnes de la vie terrestre accordées par Dieu tout
en gardant à l'esprit l'essentiel : la priorité du royaume de Dieu !
Jeune homme, réjouis-toi dans ta jeunesse, livre ton cœur à la joie
pendant les jours de ta jeunesse, marche dans les voies de ton cœur et
selon les regards de tes yeux; mais sache que pour tout cela Dieu
t’appellera en jugement.
Bannis de ton cœur le chagrin, et éloigne le mal de ton corps; car la
jeunesse et l’aurore sont vanité.
Mais souviens-toi de ton créateur pendant les jours de ta jeunesse,
avant que les jours mauvais arrivent et que les années s’approchent où
tu diras: Je n’y prends point de plaisir. Ecclésiaste 11.9
Les premiers chrétiens savaient vivre cette équilibre :
Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le
pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et
simplicité de coeur, louant Dieu, et trouvant grâce auprès de tout le
peuple. Et le Seigneur ajoutait chaque jour à l’Eglise ceux qui étaient
sauvés. Actes 2.46
Tout ce qui concerne le bien être de "l'homme extérieur", notre corps,
est légitime et doit être reçu avec reconnaissance :
Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu
qu’on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par
la parole de Dieu et par la prière. 1 Timothée 4:4
Cependant la vie comprend aussi des jours mauvais, des
temps d'épreuves si difficiles à supporter que nous aspirons à ce qui
est le meilleur, comme l'écrit l'apôtre Paul :
J’ai le désir de m’en aller et d’être avec Christ, ce qui de beaucoup est
le meilleur. Philippiens 1:23
Dans une de ses lettres aux Corinthiens l'apôtre parle du combat
qu'il mène pour l'évangile et des souffrances qu'il supporte à cause de
cela. C'est alors qu'il explique la raison de sa persévérance :
C’est pourquoi nous ne perdons pas courage. Et lors même que notre homme
extérieur se détruit, notre homme intérieur se renouvelle de jour en
jour.
Car nos légères afflictions du moment présent produisent pour nous, au
delà de toute mesure, (4-18) un poids éternel de gloire, parce que nous
regardons, non point aux choses visibles, mais à celles qui sont
invisibles; car les choses visibles sont passagères, et les invisibles
sont éternelles.
Nous savons, en effet, que, si cette tente où nous habitons sur la terre
est détruite, nous avons dans le ciel un édifice qui est l’ouvrage de
Dieu, une demeure éternelle qui n’a pas été faite de main d’homme.
Aussi nous gémissons dans cette tente, désirant revêtir notre domicile
céleste, si du moins nous sommes trouvés vêtus et non pas nus.
Car tandis que nous sommes dans cette tente, nous gémissons, accablés,
parce que nous voulons, non pas nous dépouiller, mais nous revêtir, afin
que ce qui est mortel soit englouti par la vie.
Et celui qui nous a formés pour cela, c’est Dieu, qui nous a donné les
arrhes de l’Esprit.
Nous sommes donc toujours pleins de confiance, et nous savons qu’en
demeurant dans ce corps nous demeurons loin du Seigneur- car nous
marchons par la foi et non par la vue, nous sommes pleins de confiance,
et nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur.
C’est pour cela aussi que nous nous efforçons de lui être agréables,
soit que nous demeurions dans ce corps, soit que nous le quittions. 2
Corinthiens 4.16
Les épreuves de la vie, les maladies, les
infirmités, la décrépitude physique et intellectuelle produisent souvent
le découragement, jusqu'au désespoir, si nous ne fixons pas les
regards au bon endroit ! Mais si nous savons porter nos pensées et notre
attention vers les choses que Dieu nous a préparées pour
nous, alors même invisibles elles font naitre l'attente sereine et
joyeuse de leur accomplissement. Cela s'appelle l'espérance !
Cette espérance, nous la possédons comme une ancre de l’âme, sûre et
solide; elle pénètre au delà du voile, là où Jésus est entré pour nous
comme précurseur. Hébreux 6.19
Entrer dans "le spirituel"
L'apôtre Paul parle de deux êtres : notre être physique et notre être
spirituel.
Le premier réagit en fonction de ce qui est visible et le second, l'être
spirituel, est tourné vers les choses invisibles.
Paul parle de la manière dont nous pouvons percevoir ou "voir" les choses,
soit de façon tangible avec les yeux de notre corps, soit spirituellement
avec une intelligence éclairée par le Saint-Esprit.
... qu’il illumine ainsi votre intelligence afin que vous compreniez en
quoi consiste l’espérance à laquelle vous avez été appelés, quelle est
la glorieuse richesse de l’héritage que Dieu vous fait partager avec
tous ceux qui lui appartiennent, Ephésiens 1:18
Le Saint-Esprit nous apprend à regarder les choses de manière spirituelle.
Il ne s'agit pas ici de "visions surnaturelles" ou de voir au sens propre
du terme, mais de la perception spirituelle de celui ou celle qui croit. Tous
ceux et celles qui dans la Bible sont donnés en témoignage pour leur foi
en Dieu ont appris à obéir à Dieu ou à choisir ses directives sans
toujours savoir ou voir avec précision le but final de Dieu à leur égard:
Noé n'a pas attendu les première goutte de pluie du déluge pour commencer
la construction de l'arche, mais il a cru à l'avertissement divin
concernant des choses qu'on ne voyait pas encore. Hébreux 11.7
Abraham a obéit à l'ordre de Dieu et il est parti pour un
lieu qu’il devait recevoir en héritage, sans le connaitre, sans savoir où
il allait. Hébreux 11:8
Face à la colère du Pharaon d'Egypte,
Moïse est resté ferme dans sa foi comme s’il voyait le Dieu invisible. Hébreux 11:27
Les deux raisons qui incitèrent Moïse à faire son choix et à y persister,
furent sa perception de Celui qui est invisible et son attente confiante
d’une récompense future. En effet, il regardait plus loin, vers la
récompense à venir, qui ne se voyait pas encore.
C'est aussi ce qu'explique le passage de Romains 8:25
Mais si nous espérons ce que nous ne voyons pas, nous l’attendons avec
persévérance.
Regarder aux choses invisibles c'est donc l'opposé du regard du visible.
En fait il s'agit de croire ce que Dieu dit sans en avoir une vision
physique.
Bien sûr cette perception spirituelle n'est pas parfaite, selon ce que dit
encore l'apôtre Paul qui développe bien ce sujet :
À présent, nous ne voyons pas les choses clairement, nous les voyons comme
dans un miroir, mais plus tard, nous verrons face à face. À présent, je
ne connais pas tout, mais plus tard, je connaîtrai comme Dieu me
connaît. 1 Corinthiens 13:12
Cependant Paul et les autres apôtres avaient une référence solide : ils
avaient vu le Seigneur ressuscité et glorieux c'est pour cela que
l'apôtre Jean a écrit :
Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu, et ce que nous serons
n’a pas encore été manifesté; mais nous savons que, lorsque cela sera
manifesté, nous serons semblables à lui, parce que nous le verrons tel
qu’il est. 1 Jean 3:2
Nous n'avons pas vu le Seigneur Jésus-Christ, nous n'avons pas eu la
vision glorieuse du ciel, nous ne voyons pas encore à quoi ressemblera
notre situation éternelle avec le Seigneur, mais nous croyons à ces
choses invisibles dont Dieu parle par ses serviteurs et ses
témoins.
Ceux et celles qui sont cités dans le chapitre 11 de l'épitre aux Hébreux ont cru
à l'accomplissement des promesses divines, car ils en avaient
la perception spirituelle. Hébreux 11.13
Or la foi est une ferme assurance des choses qu’on espère, une
démonstration de celles qu’on ne voit pas. Pour l’avoir possédée, les
anciens ont obtenu un témoignage favorable. Hébreux 11.1
Ils attendaient la cité céleste que Dieu a préparée pour ceux qui ont la
foi, encore invisible à leurs yeux physiques mais réelle dans
leurs pensées. Hébreux 11.10
En conclusion, gardons à l'esprit l'exhortation de Hébreux 12.1
Nous donc aussi, puisque nous sommes environnés d’une si grande nuée de
témoins, rejetons tout fardeau, et le péché qui nous enveloppe si
facilement, et courons avec persévérance dans la carrière qui nous est
ouverte, ayant les regards sur Jésus, le chef et le consommateur de la
foi, qui, en vue de la joie qui lui était réservée, a souffert la croix,
méprisé l’ignominie, et s’est assis à la droite du trône de Dieu.
Considérez, en effet, celui qui a supporté contre sa personne une telle
opposition de la part des pécheurs, afin que vous ne vous lassiez point,
l’âme découragée.
Léopold Guyot, pasteurweb
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