Introduction
On entend souvent lors d'une conversation "Allons à
l'essentiel" ! Cela permet de situer exactement l'objet du débat.
Nous pouvons déjà affirmer que, dans le domaine naturel, l'essentiel
c'est la vie. Tout le reste lui est subordonné, ainsi que Jésus lui-même
le dit :
« La vie est plus que la nourriture, et le corps plus que le
vêtement. » Luc 12.23
Une parabole très émouvante de Jésus fait
ressortir ce qui était essentiel pour le père du fils prodigue :
«
Mangeons et réjouissons-nous, car mon fils que voici était mort, et il
est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé. Et ils
commencèrent à se réjouir. » Luc 15.24
En ce qui concerne la vie
chrétienne, je m'aperçois que l'on oublie ce qui est le point
fondamental du message de l'Évangile, car l'essentiel se trouve condensé
dans cette parole qui définit l'objectif capital du dessein de Dieu à
l'égard de chaque être humain.
« Car Dieu a tant aimé le monde qu’il
a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse
point, mais qu’il ait la Vie éternelle. » Jean 3.16
La Vie éternelle
Voilà
l'essentiel selon Jésus : Avoir la vie éternelle. Tout le reste est
subordonné à cette réalité fondamentale : la Vie éternelle. Lorsque
Jésus instruit le docteur juif Nicodème sur le royaume de Dieu, il
souligne avec force le point capital du Royaume, par un rappel de ce qui
s'est passé au désert avec le peuple d'Israël :
« Et comme Moïse
éleva le serpent dans le désert, il faut de même que le Fils de l’homme
soit élevé, afin que quiconque croit en lui ait la Vie éternelle. » Jean
3.14
Le Seigneur place ainsi sa croix au centre de son message et de
la vie des futurs croyants. Pour les Israélites mourant de la morsure
des serpents dans le désert il était essentiel avant tout autre chose de
"regarder" l'image de ces serpents mortels fixée et élevée sur une
perche de bois comme le signe du jugement accompli de Dieu et de leur
salut.
« L’Éternel dit à Moïse : Fais-toi un serpent brûlant, et
place-le sur une perche ; quiconque aura été mordu, et le regardera,
conservera la vie. » Nombres 21.8
"Moïse fit un serpent d’airain, et
le plaça sur une perche ; et quiconque avait été mordu par un serpent,
et regardait le serpent d’airain, conservait la vie." Nombres 21.9
Par leur péché, ils avaient attiré sur eux le jugement de l'Éternel,
mais La grâce divine leur était accordée en réponse à un simple geste de
foi : quiconque avait été mordu par un serpent, et regardait le serpent
d’airain, conservait la vie. Jésus a repris cet épisode tragique de
l'histoire de son peuple, comme un symbole préfiguratif et prophétique
de la façon dont Dieu allait donner au monde l'unique moyen de salut
pour avoir la vie éternelle.
"Et comme Moïse éleva le serpent dans le
désert, il faut de même que le Fils de l’homme soit élevé, afin que
quiconque croit en lui ait la Vie éternelle." Jean 3.14
Nous
comprenons que l'objet qui causait la mort des Israélites, un serpent,
leur était montré comme anéanti, privé de son pouvoir de mort, cloué sur
ce bois dans le désert. Mais souvent nous ne comprenons pas la réalité
de l'œuvre accomplie pour nous par le Seigneur Jésus-Christ souffrant et
mourant sur une croix, en dehors des murs de Jérusalem. Voici ce qui
en est dit dans les Écritures, ce qui nous aidera à mieux saisir la
profonde signification de la crucifixion de Jésus.
« Celui qui n’a
point connu le péché, il l’a fait devenir péché pour nous, afin que nous
devenions en lui justice de Dieu. » 2 Corinthiens 5.21
"Christ nous a
rachetés de la malédiction de la loi, étant devenu malédiction pour nous
car il est écrit : Maudit est quiconque est pendu au bois." Galates 3.13
Un des
textes les plus forts de la Bible doit nous interpeller pour mieux nous
faire prendre conscience de ce qui est vrai, essentiel. Je fais en sorte
qu'il soit constamment dans ma pensée et je voudrais qu'il soit aussi
présent dans le cœur de chacun de ceux et celles qui me lisent :
«
Cependant, ce sont nos souffrances qu’il a portées, c’est de nos
douleurs qu’il s’est chargé ; et nous l’avons considéré comme puni,
frappé de Dieu, et humilié. Mais il était blessé pour nos péchés, brisé pour nos iniquités ;
le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui et c’est par ses meurtrissures que nous sommes guéris. » Esaïe
53.4,5
En mourant ainsi, chargé de nos péchés, Christ nous a délivrés
du pouvoir de mort de ce péché dont le venin nous a été inoculé par le
Serpent ancien, le Diable, Satan.
« Lui qui a porté lui–même nos
péchés en son corps sur le bois, afin que morts aux péchés nous vivions
pour la justice ; lui par les meurtrissures duquel vous avez été guéris.
» 1 Pierre 2.24
Lorsque je parle de l'essentiel, je voudrais que
l'on comprenne que le plus important pour un être humain c'est le salut
de son âme et que ce salut ne dépend en aucun cas de l'appartenance à
une église, fut-elle la plus fidèle aux instructions de Christ, ou à une
religion. Parfois on constate dans le discours de certains, que si on
sort "des règles" de l'église on se place en dehors de la grâce de Dieu
ou que le fait d'adhérer à une confession de foi nous sauve et nous fait
entrer dans la sphère de la bénédiction divine. Alors beaucoup se
convertissent (adhèrent) à une église, en acceptant ses règles et
s'efforcent de se soumettre au mieux à sa discipline, afin d'échapper à
la sanction terrible de l'excommunication, du bannissement et de la
perdition ! Décidément l'adage ancien a encore de beaux jours : Hors de
l'église point de salut !
À force de s'attacher à des règles, des
principes, des obligations de résultats et d'activité multiples, on
passe à côté de l'essentiel. C'est ce que Jésus reproche à une église
apparemment fidèle :
« Je connais tes œuvres, ton travail, et ta
persévérance. Je sais que tu ne peux supporter les méchants ; que tu as
éprouvé ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et que tu les
as trouvés menteurs ; que tu as de la persévérance, que tu as souffert à
cause de mon nom, et que tu ne t’es point lassé. Mais ce que j’ai
contre toi, c’est que tu as abandonné ton premier amour. » Apocalypse
2.2-4
C'est quoi le premier amour, sinon le sentiment profond qui
saisit notre cœur lors de la révélation de la croix de notre Sauveur.
« Pour nous, nous l’aimons, parce qu’il nous a aimés le premier. » 1
Jean 4.19
La révélation des souffrances et de la mort que Jésus le
fils de Dieu a endurées pour nous produit en retour notre amour pour
Lui. C'est à considérer la croix de son Fils que le Père nous attire
afin de nous persuader de son amour et de sa miséricorde.
« La volonté
de mon Père, c’est que quiconque voit le Fils et croit en lui ait la vie
éternelle ; et je le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6.40
«
Nul ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire ; et je
le ressusciterai au dernier jour. » Jean 6.44
C'est là aussi que
Jésus veut nous révéler la réalité de son amour indéfectible
« Et
moi, quand j’aurai été élevé de la terre, j’attirerai tous les hommes à
moi. En parlant ainsi, il indiquait de quelle mort il devait mourir.
» Jean 12.32,33
C'est encore là que nous avons l'assurance d'une
grâce solide et indestructible, selon qu'il est écrit :
« Car j’ai
l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations,
ni les choses présentes ni les choses à venir, ni les puissances,
ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre créature ne pourra nous
séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus–Christ notre Seigneur. »
Romains 8.38,39
Voici le second élément de ce qui est essentiel :
l'amour de Dieu. Celui qu'Il a pour nous, qu'Il a manifesté par le don
de son Fils unique et celui qui est communiqué à nos cœur pas le
Saint-Esprit.
« Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de
Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint–Esprit qui nous a été
donné. » Romains 5.5
L'amour du Père
Il faut avouer notre
ignorance dans ce domaine tellement nous sommes influencés par nos
propres sentiments, placés dans un cadre rigide et religieux en dehors
duquel toutes les malédictions nous sont promises ! Nous ne savons
pas vraiment ce qu'est aimer comme Dieu aime, tellement notre amour
est entaché d'égoïsme, d'imperfection naturelle, de petitesse humaine,
d'appréciation mesquine des choses, enfermés que nous sommes dans nos
propres règles et principes. Notre jugement est à notre mesure : rigide,
étriqué et étroit.
J'ai été amené dernièrement, devant la réaction
de certains jugements, à réfléchir plus profondément au "père du fils
prodigue" (Luc 15). Souvent nous en restons au fils, à son attitude
égoïste, ingrate, désinvolte, et finalement misérable. Nous parlons de
sa repentance "indispensable" à sa réintégration familiale. Bien sûr,
nous disons aussi l'attitude admirable du père attendant, guettant le
retour de son fils, puis l'accueillant à bras ouvert avant même qu'il
ait prononcé le premier mot de repentance. Mais je voudrais souligner
ici, les sentiments et l'attitude du père lors du départ de son fils
cadet.
Il avait certainement discerné le mal-être de son garçon, ses
difficultés à vivre dans un cadre familial qu'il trouvait trop étroit,
son désir d'indépendance, peut-être aussi le besoin de s'éloigner d'un
frère dont la conception légaliste du devoir l'irritait. Je pense
que le père percevait tout cela avant que n'arrive le moment du clash.
Nous pouvons distinguer trois éléments principaux dans cette
dramatique histoire :
- Le moment de la rupture et du départ du fils
- Le temps de l'absence de l'enfant et de la patience du père
- L'instant du retour et de la joie des retrouvailles.
Je pense
particulièrement au moment de la rupture, lorsque ce fils de famille,
qui avait tout pour être heureux, dit à son père -"Je m'en vais,
donne-moi la part d'héritage qui me revient ! Je vais vivre ma vie !"
En enseignant cette parabole, Jésus ne parle pas des sentiments que le
père a dû éprouver à ce moment-là. Mais peut être pouvons-nous
l'imaginer ? Trop souvent nous restons dans une espèce
d'indifférence devant cet épisode du départ du fils, pour simplement
tirer de la parabole "le retour repentant du prodigue et l'accueil
aimant de son père". Mais réfléchissons un instant au chagrin de cet
homme qui voit, peut être sans comprendre, se briser une relation
filiale très profonde pour lui. C'est un père !
Jésus n'a pas donné
cette parabole par hasard et il est important que nous nous efforcions
d'en saisir tout le sens. Si nous avons compris le retour et la
réintégration du pécheur repentant accueilli avec miséricorde par Dieu
le Père, nous devrions aussi nous efforcer d'entrer dans les sentiments
de Dieu concernant la rupture avec un de ses enfants.
C'est là que
nous nous interrogeons : Pourquoi le laisse-t-il partir ?
Il aurait
pu fermer l'entrée de l'Eden au serpent, le diable tentateur. Mieux, Il
aurait pu détruire Satan lors de sa révolte. Il aurait pu faire
irruption dans le dialogue du serpent avec Eve et chasser l'intrus. Dieu
aurait pu prendre Adam à part et le mettre en garde. L'Éternel aurait
pu protéger Abel de l'esprit meurtrier de son frère. Etc. etc.
Avez-vous déjà trouvé la réponse à ces questions et à beaucoup d'autres,
que suscite la lecture de la Bible ?
Et le père leur partagea son
bien.
« Le plus jeune dit à son père : Mon père, donne-moi la part de
bien qui doit me revenir. Et le père leur partagea son bien. » Luc 15.12
Nous sommes souvent placés devant des situations où nous nous
demandons pourquoi Dieu laisse faire et n'intervient pas immédiatement.
Il pourrait faire mourir immédiatement le méchant, punir ou entraver
celui qui va partir, empêcher de tomber celui qui va chuter, etc.
Par
la parabole de Luc 15 et d'autres récits de la Bible, nous comprenons
que Dieu ne force personne à rester près de Lui mais aussi qu'Il
continue à suivre du regard chacun de ses enfants, ceux qui sont près et
ceux qui sont loin. Même si nous nous éloignons, le Père ne cesse
jamais de nous aimer et de souffrir pour nous, car Il sait les
lendemains douloureux que nous nous préparons choisissant de suivre
notre propre voie. Lorsqu'il y a rupture entre Lui et l'un de ses
enfants, Le Père céleste entre dans le temps de la patience, tant que
durera l'absence de son enfant.
« Il use de patience envers vous, ne
voulant pas qu’aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la
repentance. » 2 Pierre 3.9
Combien de temps ?
C'est la question
que dans notre impatience nous pouvons nous poser. Combien de temps a
duré l'absence du fils prodigue. Combien de temps a-t-il fallu au berger
pour chercher et retrouver sa brebis perdue ? Combien de temps le
Père scrute-t-il l'horizon dans l'attente du retour de son enfant
éloigné ?
Avec Dieu, ce qui me rassure, c'est qu'aussi loin que nous
puissions être il ne nous perd pas de vue ! Nous, nous jetons
l'anathème, nous prononçons le jugement, nous condamnons et nous
excommunions. Mais le Père aime et attend. Il sait qu'il n'attend pas
en vain et que le jour du retour et de la réintégration viendra
certainement. Voyez-vous, chers amis, n'est-ce pas l'essentiel ?
«
Car j’ai l’assurance que ni la mort ni la vie, ni les anges ni les
dominations, ni les choses présentes ni les choses à venir, ni
les puissances, ni la hauteur, ni la profondeur, ni aucune autre
créature ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en
Jésus–Christ notre Seigneur. » Romains 8.38,39
Puissions-nous «
comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, la longueur, la
profondeur et la hauteur, et connaître l’amour de Christ, qui surpasse
toute connaissance. » Ephésiens 3.18