C'est le titre
qu'aurait pu porter le livre de mon témoignage, dont vous trouverez sur
le site "PasteurWeb" quelques extraits. En l'écrivant, j'ai voulu
apporter ma contribution à une meilleure compréhension du pardon envers
ceux qui sont tombés et se repentent, en leur donnant la possibilité du
rétablissement dans le ministère.
Les divers mouvements évangéliques
enregistrent malheureusement de plus en plus de cas dramatiques de
pasteurs qui, pour des raisons pas toujours faciles à identifier et
analyser, quittent le ministère et le Seigneur, pour vivre une situation
qui engendre la rupture avec l'Église.
Retrouver le pardon de Dieu,
la paix intérieure, l'équilibre et la sérénité d'un recommencement au
service de Dieu, n'est pas facile, mais c'est possible ! C'est ce que
je veux démontrer, ayant moi-même vécu cette situation.
Dans la
réflexion, qui s'élargit au sein des églises évangéliques, mon témoignage
peut aider à faire avancer le débat et permettre à ceux qui reviennent
dans les voies du Seigneur de retrouver leur place au service de
l'Église de Jésus-Christ. Puisque "internet" est un moyen de
communication facile et à la portée de beaucoup de personnes, j'ai pensé
qu'il serait bon et encourageant pour plusieurs de faire paraître
les
passages principaux du livre qui relate mon témoignage : "Un fils perdu
et retrouvé".
Le but c'est premièrement de rendre hommage à notre Père
céleste, le Dieu unique, le Tout-Puissant, le Père de notre Seigneur
Jésus-Christ, et de glorifier sa patience, sa miséricorde, sa bonté, sa
bienveillance, infinies.
Ensuite, je prie afin que ceux qui ont
besoins d'encouragements, soit qu'ils prient pour des êtres chers
éloignés du Seigneur, soit qu'ils sont eux-mêmes plongés dans la
difficulté du retour vers Dieu et en butte à une mauvaise réinsertion
dans l'église, puissent trouver dans mon témoignage une raison d'espérer
et de croire dans la grâce de Celui qui veille sur ses enfants, comme le
Père compatissant et miséricordieux. Le texte de base de ce
témoignage, c'est Luc chapitre 15.
Voici donc le premier volet extrait du
livre : "Un fils perdu et retrouvé."
Évangélisation en Bretagne
Depuis le début de mon ministère, je ressentais la nécessité d’un
travail d’évangélisation plus spécifique. C’était un désir constant qui
brûlait dans mon cœur. J’avais l’âme d’un évangéliste.
Priant et
réfléchissant à ce sujet, je pensais que le meilleur moyen pour
atteindre les gens avec la prédication de l’évangile, était d’aller à
leur rencontre dans les quartiers et les villages avec un chapiteau.
Après en avoir parlé avec quelques collègues pasteurs et les membres de
l’assemblée de Brest, je me lançais dans ce projet. J’achetai, à un
prédicateur gitan, un chapiteau d’une centaine de places. Je me
procurais le matériel de sonorisation. Avec les frères de l’église de
Brest nous fabriquâmes des bancs démontables et j’achetai une voiture
assez robuste pour transporter le tout. La mission d’évangélisation
« LA
DELIVRANCE EN BRETAGNE » était née. Un bulletin trimestriel était envoyé
à tous ceux qui avaient à cœur ce travail, leur donnant des nouvelles de
notre activité. Beaucoup se réjouirent de cette initiative. De nombreux
bretons, chrétiens évangéliques, nous soutenaient de leurs prières et de
leurs offrandes.
Les missions commencèrent dans différents quartiers
de Brest. Les membres de l’assemblée y participaient avec zèle. Ce fut
vraiment un temps béni. Plusieurs personnes sont venues au Seigneur par
ce moyen, dont quelques jeunes qui sont demeurés fidèles. Ils sont
aujourd’hui parents et grands-parents d’enfants qui à leur tour suivent
le Seigneur. L’éternité nous révélera le fruit complet de ce travail.
Les pasteurs de la région de Bretagne me demandèrent de faire des
missions avec le chapiteau dans les villes où ils exerçaient leur
ministère. C’est ainsi que nous sommes allés successivement à
Pont-Labbé, Lorient, Rennes, Saint-Nazaire, Donges, Nantes, Carhaix,
Pontivy... C’est aussi à cette époque qu’après une mission sous la
tente à Saint-Brieuc, nous avons trouvé un local pour y rassembler les
chrétiens qui s’étaient convertis par le ministère d’un de mes frères,
devenu par la suite pasteur à Lorient. Le plus jeune de mes frères vint
prendre en charge la jeune assemblée de Saint-Brieuc qui se développa
régulièrement.
Le ministère d’évangéliste dans lequel je me sentais
parfaitement à l’aise, me prenait beaucoup de temps. Pendant mon absence
de l’église de Brest, le frère H. Queinnec assurait l’intérim. Nous nous
complétions très bien. Plusieurs années se passèrent ainsi. Nous étions
en 1968. Douze ans s’étaient écoulés sans que je ne m’en aperçoive.
Je pensais à l’avenir, à l’évolution de ce travail d’évangélisation.
J’étais parfois appelé hors de Bretagne. Je réfléchissais à mon départ
définitif de Brest, pour me consacrer complètement au ministère
d’évangéliste. Je me trouvais à une croisée de chemin. Dans le feu
de l’action, je ne pris pas le soin d’examiner avec assez d’attention
cette situation. J’achetai une caravane, quittai le travail d’église
pour entreprendre un ministère d’évangéliste itinérant. Avec le recul,
je réalise aujourd’hui que c’était une erreur.
Ce fut une époque
difficile. Mon départ avait été trop précipité et mal préparé. Ma fille
Christine venait d’avoir quinze ans. Pour sa scolarité je dus la confier
à ma mère qui habitait à Rennes. La séparation fut douloureuse et
l’atmosphère familiale se dégradait de plus en plus.
Sur l’insistance
de quelques collègues j’arrêtai l’envoi du bulletin trimestriel aux amis
qui me soutenaient. Tout cela était bien excessif, je m’en rendis compte
par la suite. Mais il y a des erreurs qui engendrent de graves
conséquences. Les années 68/69 furent une période vide. Je n’arrivais pas à
accomplir le travail envisagé. J’étais parti dans une mauvaise
direction.
C’est alors qu’un après-midi, je traversais la ville de
Vannes en voiture, mon attention fut attirée par la foule qui se
pressait dans les rues. C’était une veille de Noël. Je ressentis un
sentiment très fort, le désir intense de leur annoncer l’évangile. Je
connaissais ce genre de sentiment et je savais ce que cela voulait dire
! Dieu m’appelait dans cette ville. Après le premier janvier 1969,
je quittais l’endroit où je stationnais depuis six mois et arrivais à
Vannes. J’avais retrouvé la paix.
Dans les jours qui suivirent je
cherchai un local à louer et fis une première série de réunion dans une
salle d’hôtel du centre-ville. C’était l’hiver et il faisait trop froid
pour des réunions sous la tente.
Le premier et seul auditeur de ces
réunions, fut un jeune homme qui avait déjà assisté à une mission sous
le chapiteau, que j’avais faite à Nantes l’été précédent. Il habitait le
Morbihan et il cherchait une église dans laquelle on prêchait ce qu’il
avait entendu lors de notre mission à Nantes. Il avait trouvé un des
prospectus que nous avions distribué à Vannes pour annoncer nos réunions
et il nous retrouvait là. Ce fut le premier converti de mon ministère à
Vannes. Je l’ai revu il y a quelques années et il est toujours fidèle.
Son frère devait aussi se convertir quelques temps plus tard.
L’œuvre commençait doucement, mais je savais que le Seigneur était avec
moi. Un couple de chrétiens évangéliques venus d’Oran se joignit à nous.
Par l’intermédiaire d’un frère nous trouvâmes un local, un ancien garage
un peu délabré. L’aventure de St-Malo se répétait ! A partir de ce
moment l’église commença à se développer régulièrement. Nous habitions
maintenant un logement dans un immeuble HLM. En juillet de la même
année, ma fille Catherine venait au monde, tandis que Christine se
faisait baptiser. Petit à petit un groupe d’une quinzaine de personnes
fut constitué et en 71 l’église comptait une vingtaine de membres.
L’œuvre de Dieu avançait. Nous entreprîmes, avec les frères, de refaire
à neuf le local que nous venions d’acheter et nous en fîmes un lieu de
culte très agréable. Il sert encore aujourd’hui à l’assemblée de
Pentecôte.
Nous étions au début de l’année 1972 et depuis 18 ans
j’avais parcouru la Bretagne de long en large pour y annoncer
l’évangile, tantôt sous le chapiteau, parfois dans des salles de
réunions. J’avais travaillé avec les pasteurs arrivés dans la région au
cours de ces dernières années. Le Seigneur avait manifestement conduit
les choses et j’aurais dû être satisfait. Au lieu de cela, je me sentais
las et mal dans mon âme.
La chute
A la fin de l’année 1970 je
travaillais dans une société de vente à domicile tout en assurant le
ministère de pasteur. Je n’avais plus le temps de faire de
l’évangélisation et je réalisais que ma vie spirituelle s’étiolait.
Jusque-là j’avais compté uniquement sur le Seigneur pour subvenir à mes
besoins et j’étais entièrement occupé par le ministère.
Sur le
conseil de collègues j’avais cessé l’édition du bulletin trimestriel de
nouvelles et j’avais vendu la caravane, ainsi que le matériel
d’évangélisation. Je me trouvai face à quelques difficultés. L
‘assemblée de Vannes, dont j'étais le pasteur-fondateur, ne pouvait
assurer un soutien financier suffisant. J’éprouvais également un certain
besoin de repos; j’étais sur la brèche depuis de nombreuses années et je
devais faire le point.
Je résolus de chercher de l’aide auprès des
frères qui m’avaient conseillé de changer mes méthodes de travail, mais
aucun n’accepta de me soutenir. Je décidai donc de prendre ce travail de
représentation. Jusque-là, j'avais été à plein temps dans le service de
l'évangélisation et des églises. J’étais triste et malheureux, à
cause de la défection des frères et aussi parce que je manquais
d’assurance. Cependant le mal était plus profond que je ne le pensais !
Le travail de vente à domicile me prenait beaucoup de temps. Je me
trouvais entièrement pris par cette activité qui réussissait au-delà de
toute espérance. Je recevais les encouragements du directeur de la
société et les félicitations de mes collègues. J’aurais pu penser qu’il
s’agissait d’une bénédiction de Dieu ! Je me laissais prendre au
jeu. Toujours plus de ventes, une promotion, plus de responsabilités et
évidemment plus d’argent, mais beaucoup moins de temps pour le Seigneur
et pour son œuvre.
De plus, je devenais léger et mondain. Je n’étais
pas vigilant et le chemin glissant sur lequel je m’étais aventuré me
conduisait vers la catastrophe. Malgré les apparences mon cœur devenait
sec, ma vie spirituelle était inexistante et mon foyer était en pleine
décomposition.
Au début de l’année 1972 je pris intérieurement
la
décision de quitter le ministère. Je n’étais plus assez lucide et
courageux pour revenir dans la bonne direction. Il aurait fallu que je
remette tout en cause et je ne m’en sentais pas la force.
Comment en
étais-je arrivé là ?
Lorsque le ver entre dans un fruit, il le fait
au départ sous la forme d’une larve d’insecte pondue dans la fleur puis,
insidieusement, il prend sa place au cœur même du fruit, s’y développe et
le corrompt entièrement. Nous croyons parfois être entièrement au
Seigneur, mais nous conservons en nous quelque affection charnelle qui
va produire un ver destructeur.
C’est à cette époque que je fis la
connaissance d’une jeune femme qui travaillait dans la même société que
moi. Nous éprouvions un attrait l’un envers l’autre et je n’étais plus
assez fort spirituellement pour y résister. D’ailleurs le voulais-je
réellement ? Au mois d’août 1972, je donnais ma démission à l’église
de Vannes dont j'étais le pasteur-fondateur, (j'étais dans le service de
Dieu à plein temps depuis 1954) et je quittais mon foyer pour une autre
existence. Je ne pouvais quand même pas mener double vie. Il fallait que
les choses soient claires et je ne voulais tromper personne. Malgré
beaucoup de souffrance et d’incompréhension pour les membres de ma
famille, les frères et les sœurs de l’assemblée et mes collègues
pasteurs, mon départ se fit sans autre éclat.
Loin de Dieu
désormais, incapable de revenir en arrière, dans un oubli presque total
et volontaire des expériences passées avec le Seigneur, je me donnais
entièrement, avec ma nouvelle compagne, au travail et aux affaires
commerciales.
Le Monde m’avait happé et
entièrement avalé
Au
bout d’un certain temps, nous quittâmes la société de vente à domicile
pour nous établir à notre compte en tant que commerçants de marché. Tout
ce que nous entreprenions réussissait. Nous gagnions beaucoup d’argent
que nous dépensions aussitôt ! Notre affaire se développait et nous
avions beaucoup d’amis avec lesquels nous menions une joyeuse vie. Nous
participions à la réussite des méchants, comme le dit le psalmiste.
J’avais perdu ma conscience !
Cela a duré
treize ans. Treize années
d’inconscience et de plaisirs mondains pour nous, mais autant d’années
de souffrances et d’intercession persévérante pour ceux qui nous
avaient conservé leur affection, avec lesquels nous avions, bien sûr,
rompu toute relation.
Cependant, Dieu veillait
« Où irais-je
loin de ta face, où fuirais-je loin de ton regard ? » Psaume 139
Le
retour
Plusieurs années avant que tout cela arrive, dans le courant
de l’année 70, lors d’une rencontre de pasteurs, nous avions parlé de la
chute de plusieurs collègues que je connaissais et affectionnais.
J’avais alors posé cette question qui à l’époque me préoccupait :
«
Comment des héros sont-ils tombés ? Comment leurs armes se sont-elles
perdues ? »2 Samuel 2.27
Dans le même passage, au verset 21, le
psalmiste semble donner la réponse par ces paroles dramatiques :
«
L’huile a cessé de les oindre ! »
Je me souviens avoir prié seul
dans mon bureau ce soir-là en rentrant chez moi, disant à Dieu :
"Seigneur, si une telle chose m’arrive, si un jour je m’éloigne de toi,
ramène-moi !" Depuis longtemps, j’avais oublié cette prière, mais
CELUI dans les mains duquel mon nom est gravé, ne l’avait pas oubliée.
Merveilleux Père, que celui des enfants de Dieu. Sa fidélité est
éternelle et jamais prise en défaut !
Au mois de mai 1977, une
petite Nolwenn naissait dans notre nouveau foyer. Moi et la jeune femme
avec laquelle j’étais parti en 1972, nous étions mariés depuis un
certain temps, nos anciens conjoints respectifs ayant demandé le
divorce. Nous habitions alors une petite maison que nous avions fait
construire à Peillac, à quelques kilomètres de Redon en Ille-et-Vilaine.
Quelques années plus tard, je compris que la naissance de notre
fille était comme « un verrou » que Dieu mettait sur notre vie, en
prévision de difficultés à venir dont nous ne savions rien, mais que LUI
connaissait d’avance. J’y reviendrai dans un prochain chapitre.
Notre vie évoluait rapidement. Aussitôt après la naissance de notre
fille, nous vînmes habiter à quelques kilomètres de Vannes, dans le
Morbihan, où nous avions acheté une autre maison. Nous faisions toujours
les marchés et notre commerce prospérait. J’étais devenu le président de
l’association des commerçants de marché du département. En 1981 nous
ouvrions dans la ville de Vannes, un magasin dont ma femme s’occupait,
tandis que je continuais de travailler sur les marchés.
Jusqu'à la
fin de l’année 84 tout alla bien. Les fêtes de fin d’année étaient pour
notre commerce l’occasion d’un très bon chiffre d’affaires. Je faisais
des projets de retraite et j’étais optimiste pour l’avenir. Depuis 12
ans ma Bible était restée au fond d’un carton, dans un placard et
j’avais oublié cette parole de l’Écriture :
« Il y a dans le cœur de
l’homme beaucoup de projets. Mais c’est le dessein de l’Éternel qui
s’accomplit ! »
Brusquement, dès les premiers jours de 1985, nos
affaires se mirent à péricliter de manière inexplicable. Il n’y avait
pas de crise économique. Les autres commerces continuaient de travailler
normalement. Notre façon de faire n’avait pas changé. Mais c’était
comme
si les clients ne voyaient plus la porte du magasin. La fréquentation
avait diminué sensiblement et le chiffre d’affaires baissait
anormalement vite. Le découvert bancaire, par contre, augmentait
dangereusement et les fournisseurs devenaient pressants. La situation
était devenue grave et l’angoisse m’étreignait.
Depuis un certain
temps, ma santé se détériorait. Je m’étais remis à fumer. Et
certainement sous l’effet conjugué du tabac, des excès et du stress,
certains malaises apparurent, qui ne me rassuraient pas du tout. Assez
souvent des douleurs persistantes m’étreignaient la poitrine irradiant
dans les bras et des vertiges me saisissaient.
Début avril, une nuit
où je ne pouvais dormir, les douleurs augmentant soudain, j’eus peur et
réalisais clairement que si je ne revenais pas vers le Seigneur,
j’allais mourir. C’était un sentiment très fort et très précis. Je
savais avec certitude qu’il s’agissait du signal de Dieu pour me ramener
vers Lui. Alors, dès le matin au lever, je cherchais ma Bible et quelques
livres de témoignages chrétiens, rangés au fond d’un carton depuis
longtemps.
Oh Dieu ! Que le retour est difficile. Que l’expérience a
dû être pénible pour le fils perdu de Luc 15 !
Je me sentais
tellement misérable, impur et sale que je ne pouvais ni prier, ni lire
la Bible. Je n’osais pas lever les yeux vers mon Père céleste et ne
savais comment revenir vers LUI. Je me mis alors à lire le livre « La
croix et le poignard» de David Wilkerson et petit à petit le chemin du
retour vers le Seigneur s’ouvrait à mon cœur malheureux et repentant.
La repentance
Je repris la lecture de la Bible. Tôt le matin, je descendais dans
le bureau de l’arrière-magasin et avant l’ouverture je me tenais seul
dans la présence de Dieu, à genoux devant ma Bible ouverte. Je priais et
lisais la Parole de Dieu. Je lui parlais et les Écritures étaient le
moyen par lequel le Saint-Esprit m’instruisait. Petit à petit le
poids énorme de mon péché qui m’écrasait s’éloignait,
comme enlevé par
la main invisible mais combien réelle du Père miséricordieux qui faisait
ainsi comprendre à son enfant repentant qu’il lui pardonnait.
Plusieurs semaines passèrent ainsi, au cours desquelles un sentiment
profond de repentance faisait son chemin dans mon cœur. Je ressentais la
gravité de mes fautes : les souffrances occasionnées à ceux qui
m’aimaient et à l’église, le scandale et le blâme rejaillissant sur le
ministère, les moqueries des incrédules, j’avais fait blasphémer le nom
de Dieu parmi ses ennemis.
Le chemin du retour était difficile,
j’étais honteux et terriblement malheureux. Mais dans sa miséricorde
Dieu m’aidait et son Esprit me conduisait chaque jour un peu plus près
de son Trône de grâce pour obtenir le pardon de mes fautes. A nouveau,
mon Père céleste m’ouvrait la porte de son sanctuaire.
C’est au
moment où je retrouvais le sentiment du pardon de Dieu que m’apparut
soudain la complexité de ma situation familiale. J’étais un
divorcé-remarié et une petite fille était née de cette union. Je me
trouvai dans une impasse, seul avec mon problème, en tête-à-tête avec
Dieu. Ma femme ne savait rien de ce qui se passait en moi, sinon qu’elle
me voyait lire à nouveau la Bible et rester seul pendant des heures,
matin, midi et soir dans le bureau du magasin.
Je ne voyais personne
à qui confier mon désarroi. Je connaissais beaucoup de frères qui
m’auraient donné des réponses toutes prêtes. Je connaissais aussi les
textes bibliques concernant le divorce. J’aurais pu, à une certaine
époque, donner des conseils à ce sujet, mais cette fois, j’étais
personnellement concerné et je ne savais comment régler le problème.
Fallait-il divorcer à nouveau et retourner vers ma première femme,
engendrant ainsi un nouveau drame... ? Je sentais que cette solution
n’était pas la bonne. Et puis Dieu n’avait-il pas tiré
un verrou ? Je
réalisais aussi soudainement que la naissance de notre fille Nolwenn
avait été une intervention divine de la part de celui qui connaît toutes
choses d’avance. Dieu avait permis cette naissance, prévoyant le cas de
conscience dans lequel je me trouverais 8 ans après !
A dix-huit ans
elle a concrétisé par le baptême d’eau, l’engagement de suivre le
Seigneur Jésus, qu’elle avait pris dans son enfance lors d’une colonie
de vacances chrétienne, où elle avait été baptisée du Saint-Esprit.
Lorsque je la regarde aujourd’hui, je remercie Dieu de nous l’avoir
donnée à un moment où nous étions pourtant si loin de Lui. Non
seulement elle est pour nous une source de joie et de satisfaction, mais
elle est aussi « le verrou » que Dieu a mis en place dans notre foyer,
comme pour sceller définitivement notre avenir.
Cependant, lorsque
je me débattais avec mon problème cela ne me donnait pas une réponse
précise de la part du Seigneur. Je ne voulais surtout pas me convaincre
par mes propres arguments. Je demandais à Dieu une parole claire et
venant de Lui, sans que j’y mette la main.
Alors je lui ai
simplement dit : « Père, je crois que Tu as pardonné mon péché (j’en
avais la certitude et le témoignage intérieur), Tu connais mieux que moi
cette situation et surtout la réponse. S’il-te-plaît, fais-moi connaître
Ton conseil. Envoie-moi un de Tes serviteurs avec une parole venant de
Toi.»
Je lui nommai alors par leurs noms, trois pasteurs que je
connaissais bien en Lui disant cependant : « Seigneur, je préférerais un
tel, mais c’est comme Tu voudras ».
Nous étions dans la première
semaine du mois de juin1985. Environ huit jours après cette prière, je
me trouvais occupé dans le magasin avec quelques clients lorsque je me
retournais pour servir une personne qui venait d’entrer. C’était le
frère dont j’avais parlé au Seigneur !
Son arrivée fut le résultat
d’une réelle direction de Dieu. Il ne devait pas venir dans la région,
ayant décidé d’un autre programme. Mais sur l’invitation d’un groupe de
chrétiens qui entreprenaient une mission d’évangélisation près de
Vannes, il avait fait un détour afin de les visiter. Il était accompagné
de son épouse et ils campaient dans leur caravane aux abords de la
ville. Le soir, le frère oublia d’éteindre sa machine à écrire qui
fonctionnait avec des piles. Bien sûr, pendant la nuit celles-ci se
déchargèrent, cela est naturel.
Le lendemain matin, le frère et sa
femme vinrent donc en ville pour entre autres choses, se procurer des
piles neuves. Il ignorait où j’habitais et encore moins ce que je
faisais. De plus je ne vendais pas de piles électriques ! Et voilà qu’il
se trouvait dans mon magasin pour en acheter ! Il était là, juste devant
moi ! C’était la première partie de la réponse de Dieu, Il se sert aussi
des circonstances ordinaires pour accomplir ses desseins. Le premier
instant de surprise passé, je lui expliquai ma démarche vers Dieu et
comment j’avais prié. Il convint avec moi que le Seigneur l’avait
réellement dirigé vers nous.
Après la fermeture du magasin, nous
montâmes à l’appartement avec ma femme, qui se demandait bien ce qui se
passait, et au cours de l’entretien qui suivit, le frère nous expliqua
comment il voyait la situation. C’était un homme d’expérience et il
avait déjà dû régler quelques problèmes de ce genre. Il nous expliqua
que dans le domaine du divorce chaque cas est particulier et qu’il est
imprudent d’appliquer une même solution à toutes les situations.
En
ce qui nous concernait, il nous montra les choses de la manière suivant
: une cellule familiale avait été détruite. Une nouvelle cellule s’était
créée. Si nous brisions cette dernière pour tenter de reconstituer la
première, cela échouerait et produirait inutilement de nouveaux drames.
La solution était de demeurer dans la situation actuelle, en marchant
désormais avec le Seigneur.
Bien sûr, cette solution n’est pas
applicable à tous les cas de divorce et remariage. C’est un sujet très
délicat que l’on ne peut pas régler à coup de versets bibliques. Chaque
cas est particulier et a sa propre réponse qu’il faut chercher auprès du
Seigneur, avec sincérité et humilité. Un vase brisé et réparé n’aura
jamais plus l’éclat du neuf. Les brisures recollées laisseront des
traces. Mais ce sera à nouveau un vase. La meilleure solution n’est
jamais parfaite, ce qui a été détruit ne peut pas toujours être
parfaitement rétabli, sur cette Terre. Il nous faut donc, avec beaucoup
d’humilité, recevoir le pardon et la paix de Dieu, en nous efforçant de
vivre désormais selon sa justice « Je ne te condamne pas mais va et ne
pèche plus ! »
Pour nous, le Seigneur nous avait envoyé son messager
avec son conseil. J’avais retrouvé la paix et la suite ne fut qu’une
succession de bénédictions et d’interventions de Dieu dans notre vie.
Les choses allèrent très vite.
Ma femme se convertit
Dès le
lendemain, de la visite du frère, ma femme qui était d’origine
catholique m’accompagna à une réunion sous le chapiteau d’une mission
tzigane qui se déroulait à proximité de Vannes et elle en ressortit très
impressionnée. Le dimanche suivant, lors du culte auquel nous
assistions, elle fut profondément touchée et se convertit en quelques
instants.
Quelques semaines plus tard, dans une autre réunion,
toujours chez les gitans, elle fut guérie d’une mycose au pied, lors de
l’imposition des mains aux malades. Sa vie changea rapidement. Elle fut
délivrée de la passion du tabac et guérie de plusieurs maladies. Elle
faisait ses expériences personnelles de foi avec le Seigneur. Elle
raconte d’ailleurs son témoignage à la fin de ce livre. Dans les
jours qui suivirent, ma fille aînée, alors âgée de 32 ans, qui était
dans une situation tragique, fut délivrée de l’emprise du milieu dans
lequel elle vivait et fut délivrée de la drogue.
La main du Seigneur
était sur nous pour nous bénir.
Nous nous joignîmes aux réunions de
l’église évangélique de la ville. Le Seigneur m’avait ramené dans sa
bergerie. C’est à lui qu’en reviennent l’honneur et la gloire.
Cependant, tous nos problèmes n’étaient pas résolus. Le commerce allait
de plus en plus mal et nous comprenions aussi que ce travail n’était
plus compatible avec notre nouvelle vie. Nous pensions donc changer de
créneau commercial.
Et puis notre retour dans l'église créait
quelques problèmes. Nous étions des divorcés-remariés !
Mais nous en
reparlerons !